Visite d'Annie Jay
Annie Jay, écrivain est venu rendre visite à deux classes de 5e. Pendant deux heures, ils ont pu l'interroger sur son métier d'écrivain et sur les livres qu'ils avaient lu durant l'année.
Voici un résumé de ce qui a été dit durant cette rencontre :
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Annie Jay a 55 ans. D'origine parisienne, elle vit dans un village proche de Montauban. Elle a écrit 14 romans pour la jeunesse. La majorité sont des romans historiques. |
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Quand et comment est-elle devenue écrivain ? Quand elle était enfant, Annie Jay voulait être archéologue ou archiviste. Même si dans sa famille, on ne lisait pas, elle dévorait les livres, 3 à 4 par semaine en moyenne comme le Club des Cinq, Caroline.... Comme elle était dyslexique, elle n'a pas pu faire d'études longues. Elle est devenue comptable dans une administration. Un jour, sa nièce l'a mis au défi d'écrire une histoire. Annie Jay a donc écrit son premier roman : "Complot à Versailles". Ce livre a tout de suite été accepté par un éditeur et s'est bien vendu. Annie Jay a donc continué à écrire tout en restant comptable. Depuis 5 ans, elle vit uniquement de sa plume. |
Ce qu'elle aimait lire ? Annie Jay lit beaucoup pour son travail. Elle aime les auteurs de XVIIe siècle comme Mme de Sévigné , Molière ou Racine mais aussi les auteurs de romans historiques du XIXe sièccle comme Dumas et les Trois Mousquetaires, Le Bossu de Paul Féval ou le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier. |
Ecrire, un travail difficile ? Pour elle, écrire était un passe-temps. C'est devenu une passion. "Je vis pour l'écriture" dit-elle. 8 à 10 mois lui suffisent pour écrire un livre. L'écriture d'un roman se fait en 3 étapes : - la recherche d'informations - l'invention de l'histoire - l'écriture et la réécriture. Elle lit 4 à 5 heures par jour : de la documentation pour ses livres, des mémoires, des correspondances surtout. Son inspiration lui vient d'anecdotes qu'elle y trouve. Elle s'inspire de personnages historiques, jamais de personnes réelles de son entourage. Elle a seulement donné aux héroïnes de "Complot à Versailles" les prénoms de deux de ses arrière-grands-mères, Pauline et Cécile. Pour écrire, elle a besoin de retourner la scène dans sa tête à plusieurs reprises, de se mettre à la place de chacun des personnages, de ressentir leurs émotions et leurs sentiments. Quand elle a l'impression de tout maîtriser, elle dicte son texte à un logiciel de reconnaissance vocale, puis le relit et le retravaille. Elle écrit 2 à 3 pages par jour. Annie Jay ne travaille pas toujours seule. Elle s'associe à d'autres écrivains et des historiens, de plus en plus souvent avec Internet. Ils sont ainsi une trentaine d'auteurs de romans historiques sur Facebook qui se dépannent entre eux dès qu'ils ont un problème. Annie Jay fait aussi appel aux services d'historiens, de conservateurs de musées, dès qu'elle a une question très précise. |
Des qualités pour être écrivain ? Il faut, pour Annie Jay, croire d'abord en son talent pour ne pas baisser les bras dans les moments où les livres ne se vendent pas. Elle donne l'exemple de Fred Vargas, l'un des dix auteurs français les plus lus, dont le premier manuscrit a d'abord été refusé par 40 éditeurs avant d'être publié. Ensuite, il faut aussi être observateur et à l'écoute. Elle peut ainsi s'inspirer d'un visage, d'un sourire qui lui plaît, d'un prénom original qu'elle a entendu. Il faut également avoir beaucoup de fantaisie et d'imagination. |
Le rapport de l'écrivain avec les éditeurs ? Il existe 800 écrivains pour la jeunesse en France. La moitié touche le RMI. Sur un roman vendu 5.5 euros, Annie Jay touche 25 centimes. Du moment où un auteur signe un contrat (contrat qui dure 100 ans) avec un éditeur, l'éditeur a quasiment tout pouvoir sur le livre, sauf celui de modifier le texte sans en prévenir l'auteur. L'éditeur peut choisir le titre du livre ( au titre choisi par Annnie Jay de "Exupère policier du roi", l'éditeur a préféré "Au nom du roi"). Il choisit aussi l'illustrateur. Il peut aussi refuser la signature d'un contrat avec un producteur de cinéma. Annie Jay voulait accepter une demande pour adapter "Au nom du roi" mais son éditeur a refusé. Annie Jay a signé un contrat avec 3 éditeurs : Hachette, Milan et Eveil et découvertes. Elle espère, avec le format numérique s'autoproduire et gagner 70% des ventes au lieu des 5 à 6% actuellement. Elle va par exemple autoproduire un livre que les éditeurs refusent, un roman sur le Minotaure qui est jugé trop violent pour les élèves de 6e. |
Ses relations avec les lecteurs ? Annie Jay apprécie énormément de rencontrer ses lecteurs dans les salons, les festivals et les collèges. Elle trouve que ces rencontres lui permettent de s'améliorer. Souvent, ses lecteurs lui écrivent par mail. Elle reçoit trois types de courriers : - des félicitations, des compliments à propos de ses livres - des insultes d'élèves en colère d'avoir été obligés de lire ses livres par leurs professeurs de français - des demandes : on veut qu'elle fasse une rédaction ou qu'elle fasse un exercice demandé par un professeur Les livres d'Annie Jay sont connus à l'étranger même s'ils n'ont jamais été traduits. Ils sont étudiés dans les lycées français. Celui de Hong-King travaille sur "A la poursuite d'Olympe", celui de San Francisco sur "Complot à Versailles". On l'étudie aussi en Suisse ou dans les pays francophones. |
Ses rapports avec ses propres livres ? Le livre préféré d'Annie Jay est "A la poursuite d'Olympe". Le prénom de l'héroïne, Olympe est emprunté par l'Antiquité mais fait aussi référence à Olympe de Gouges, une femme célèbre qui a lutté pour le droit des femmes avant de finir décapitée à la Révolution. Ce qu'Annie Jay apprécie en Olympe, c'est que le personnage fait tout ce qu'elle n'a jamais osé faire elle-même, dire non et se rebeller. Elle aime aussi ce livre car il parle du peuple , des petits métiers et de la condition des femmes. |
Le succès d'Annie Jay ? Le livre qui s'est le plus vendu est "Complot à Versailles" édité il y a 20 ans. A la poursuite d'Olympe a eu aussi beaucoup de succès puisqu'il s'est vendu jusqu'à 42 000 exemplaires par an. En ce moment, il se vend à 13 000 exemplaires par an en moyenne. |
Ses projets ? Elle envisage d'écrire la suite de "L'aiguille empoisonnée". Elle en a déjà écrit 60 pages mais son éditeur n'est pas intéressé et lui demande une autre histoire. Elle va publier en novembre 2012 un roman qui évoque Voltaire et l'affaire Calas, avec le point de vue de sa fille adoptive, Marie Corneille, une jeune fille pauvre et illettrée qui tressait des paniers et qui a été adoptée à 17 ans. Annie Jay a mené des recherches pendant 10 ans pour écrire ce livre. |
Ses livres :
Pour en savoir plus sur Annie Jay, vous pouvez aller visiter son site internet en cliquant ici ou aller écouter l'interview d'Annie Jay faite par des élèves de la Webradio en cliquant ici.